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Le 10e aime la musique - le 07/08/2008 @ 17:50 par Jeannine_Christophe

Et l'on chantait dans le 10e...

Chaque année on célèbre par deux fois la fête de la musique dans notre arrondissement : une première fois le jour même de la fête le 21 juin et une seconde fois le dimanche suivant avec la manifestation "Voix sur Berges" sur le canal saint-Martin où se produisent uniquement des chorales. Le 10e a été très tôt lié à la musique : Dès le Moyen Âge  la chanson était déjà présente à la foire Saint-Laurent ; elle est représentée dans la salle des fêtes de la mairie, décorée de panneaux peints consacrés aux arts et traditions artisanales du 10e, l'un d'eux célèbre " La  chanson populaire à la foire Saint-Laurent ".

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" La Chanson populaire à la Foire Saint-Laurent ",
toile marouflée de Georges Hervy, Mairie du 10e,salle des fêtes
(Edmond Ronzevalle : "Paris 10e", 1993)

À partir de 1880, le 10e et particulièrement le quartier autour des portes, des passages et de la mairie, devint le siège de nombreuses agences musicales où comédiens, chanteurs, funambules de toutes sortes, venaient chercher leurs engagements pour des prestations à Paris ou en province. Là se concentraient les fabriques d'instruments de musique, les éditeurs, les imprimeurs lithographes de partitions et aussi les auteurs de chansons et les compositeurs.

Le 10e était célébré dans de très nombreux refrains qui chantaient ses boulevards, ses portes, ses faubourgs et son canal bien sûr. Si les paroliers, compositeurs et interprètes sont pour la plupart méconnus de nos jours, il en est dont le renom est parvenu jusqu'à nous : Christiné, Goublier, Vincent Scotto, Mayol, Maurice Chevalier, de plus ils ont tous vécu à un moment de leur vie dans le 10e.

Nous évoquerons ici une femme et un homme qui incarnèrent la chanson et la musique à Paris et surtout dans notre arrondissement.

 
Quand une chanteuse procurait joie et bienfaisance dans le Faubourg :
La Houppa (1900-1987)

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La Houppa
("Promenade dans ma vie, souvenirs et chansons", Paris 1963)

 

 Ils sont bien peu à se souvenir aujourd'hui de Marcelle Caprennier qui prit comme nom de scène " La Houppa ", à cause de ses fins cheveux blonds frisés formant comme une houppe autour de sa tête. Après s'être fait remarquer dans des radio-crochets, elle débuta en professionnelle de la chanson après la guerre de 14-18, interprétant d'abord les succès du jour pendant les entractes de cinéma, puis elle monta en vedette sur les planches des music-halls, enregistra toute une discographie d'airs à la mode, passa à la radio, s'essaya au cinéma où elle poussa la chansonnette dans le film " Les Casse-pieds " de Noël-Noël, enfin elle affronta même la télévision à ses débuts.
 

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Elle fut surtout célèbre dans le 10e qu'elle habita pendant plus d'un quart de siècle, au 55 rue du Faubourg-Saint-Denis, près du " Central de la Boxe " qu'elle fréquentait assidûment et où elle était connue pour l'ambiance musicale qu'elle procurait. Mais surtout elle créa la " Commune libre porte Saint-Denis - porte Saint-Martin ", en devint la présidente-maire, prit un drapeau aux couleurs jaunes et oranges, celles du couvent voisin des Récollets qui lui fut révélé par un historien du 10e ; les commerçants de l'arrondissement lui firent des dons de toutes sortes, les artisans brodèrent le nom des portes sur son oriflamme et elle organisa le premier défilé en fanfare et en fiacres des Grisettes de sa Commune libre à la grande joie des habitants du 10e ; elle devint ainsi la spécialiste des manifestations de rue dans l'arrondissement : fêtes et galas artistiques se succédèrent jusqu'en 1957, se transformant en outre en œuvres de bienfaisance, car ils permettaient d'offrir aux personnes âgées et économiquement faibles du 10e de vrais repas ainsi que des cadeaux et des friandises diverses.

Elle œuvra tellement et si bien pour les démunis de l'arrondissement qu'on finit par dire de La Houppa : " C'est le saint Martin de la porte Saint-Denis ".

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Le Faubourg est définitivement sans Martin **


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Monté à Paris de son Cantal natal, Martin Cayla (1889-1951) y exerça toutes sortes de petits boulots lucratifs tout en s'adonnant à sa passion la musique et en animant avec sa " cabrette ", le biniou auvergnat, les bals musettes de la rue de Lappe, surtout fréquentés par ses compatriotes, pour lesquels il créa des écoles d'instruments folkloriques : cabrettes, vielles et accordéons. Il fonda son journal " Le Troubadour " et surtout se lança dans l'édition musicale pour pérenniser aussi bien le folklore auvergnat que parisien et même national.

Il tint une boutique musicale, une dizaine d'années, rue des Taillandiers dans le 11e arrondissement ; puis devant le succès des morceaux qu'il éditait et la vente croissante de ses partitions, des disques et des instruments de musique, surtout des accordéons, dont il devint le dépositaire exclusif pour la marque " Vercelli ", mais il lui fallut bientôt beaucoup plus d'espace.

Il s'installa alors en 1938 en plein quartier de la chanson : au 33, rue du Faubourg-Saint-Martin, dans une boutique toute baignée d'ambiance musicale, puisque c'était l'ancienne maison de Christiné, le compositeur de l'opérette Phi-Phi ; là se retrouvaient déjà les vedettes du grand monde musical : Maurice Chevallier, Mistinguett, Vincent Scotto, et les autres...

Sous la baguette du maître Martin et de son épouse Marie, le 33 du Faubourg devint un lieu incontournable tant pour les débutants que pour les valeurs confirmées de la chanson, il fallait aller et être vu " Chez Martin Cayla " qui tenait salon musical tous les vendredis dès 16 h. Amoureux de son Faubourg, Martin y exerçait aussi, comme " La Houppa ", une action de bienfaisance, s'occupant financièrement des jeunes musiciens, que l'on dirait aujourd'hui intermittents, leur offrant de se produire dans la salle située face à son magasin : " Le Casino Saint-Martin ", aujourd'hui " Le Splendid " ; il animait aussi les brasseries du Faubourg en demandant aux artistes sans cachet de s'y produire : " Le Batifol, la Croix de Malte et la Renaissance " sont autant de lieux où résonnaient les paroles et les musiques à la mode.

On ne comptait plus les nombreuses œuvres de bienfaisance auxquelles il participait généreusement. Il apportait également réconfort aux malades civils ou militaires des hôpitaux de son arrondissement, y présentant des concerts gratuits ; on le vit souvent pousser la chansonnette à la caserne du Château-d'Eau (Vérines) pour les familles des Gardes républicains.

Sa mort endeuilla tout le Faubourg qui lui organisa des funérailles presque nationales : le cortège s'allongeant de la gare de l'Est jusqu'au delà de la porte Saint-Martin. Après son décès, sa boutique fut tenue par son épouse, puis par sa fidèle vendeuse depuis 1938, Simone Gitton, qui continua d'animer la maison Cayla jusqu'en 2001, année où elle dut cesser définitivement toute activité, croulant sous les charges.

Mais, comme dans les contes, une bonne fée veillait en la ville de Tulle qui, voulant créer un " pôle de l'accordéon " racheta non seulement tout le fond Cayla mais aussi la devanture du magasin pour le reconstituer à l'identique dans le musée qui devrait ouvrir fin 2002 - début 2003.

Ainsi, si le Faubourg a définitivement perdu Martin, un petit peu de son 10e revivra à jamais dans les murs d'un musée corrézien qui saura faire entendre à ses visiteurs les accents de la musique des Faubourgs qu'interprétait si bien notre Auvergnat de Paris.

Jeannine CHRISTOPHE

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* Article paru dans "La Gazette du Canal" N° 30 (hiver 2001-2002)

** Pierre-Jean THOMAS : "Rue du Faubourg sans Martin", 1998