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Articles

Rues du 10e - le 07/08/2008 @ 16:20 par Dominique_Delord

Des rues du 10e en 1878 vues par Jules Claretie

Rue d'Hauteville, rue d'Enghien

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La rue d'Hauteville au début du 20e siècle

"...Entre le bourdonnement quasi-littéraire du Faubourg-Montmartre, où logent les journaux, et le fourmillement démocratique du Faubourg-Saint-Denis et du Faubourg-Saint-Martin, où circule une population d'ouvriers, où les restaurants ne sont que des traiteurs, où le café n'a pas encore détrôné le marchand de vins, ce quartier apparaît comme une section calme et d'activité froide. Ces rues d'Hauteville ou d'Enghien, avec leurs maisons sans boutiques, constellées de plaques de cuivre ou de marbre avec des noms de négociants, noms étrangers pour la plupart, ont l'aspect de certaines rues de Londres, ou plutôt ne ressemblent pas mal à certains carrefours marchands de Cologne ou de Francfort. Peu de passants et tous avec l'air affairé ; ça et là des magasins d'emballage ouverts sur la rue et des layetiers occupés à raboter le bois blanc des caisses. Les fenêtres des rez-de-chaussée, avec leurs verres dépolis, ressemblent à des yeux qu'une taie rend sans regard. On devine derrière les bureaux de chêne aux casiers remplis de grands livres sertis de cuivre, une population de commis courbés sur les factures ou la correspondance, tout l'attirail du commerce. Quand vient la nuit, des lumières s'allument ; on aperçoit la silhouette vague de becs de gaz coiffés de l'abat-jour d'opale. Ce sont là, pour la plupart, des maisons de commission pour l'étranger. La maison de commission est comme une maison de banque où l'on agiote non sur les valeurs, mais sur les objets. L'acheteur étranger adresse son ordre au commissionnaire, qui achète, expédie et ajoute cinq pour cent d'ordinaire pour le prix de sa commission. Du fond de son cabinet et sans avoir autour de lui la moindre marchandise, un commissionnaire, donnant des ordres aux fabricants, peut remplir des navires entiers et remuer un monde d'affaires.

 

C'est le haut commerce par excellence, un genre de négoce que la vapeur détruira d'ailleurs complètement, et qui tend à disparaître, à cause de la facilité avec laquelle les commerçants étrangers peuvent, sur place, venir faire leurs achats sans le secours d'un intermédiaire. Le commissionnaire, en ce cas, ne joue plus guère que le rôle d'un interprète, mais la science des langues fera bientôt aussi de cet état une carrière perdue, comme celle de recors ou de conducteur de diligence.

La maison Obertin, Melville et Cie, 32, rue d'Hauteville, servait à la fois de maison de banque et de commission, traitant plus particulièrement avec des clients de l'Amérique du Sud, avec Buenos-Ayres, Caracas, Montevideo…"


Boulevard de Magenta


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Le bd de Magenta au début du 20e siècle


"...Il courut, tout chantant, au logis d'Etienne Hamelin. Le chemin n'était pas long. Par le boulevard Magenta et les boulevards extérieurs, la place du Théâtre de Montmartre était à deux pas. Martial voulait se hâter, et pourtant il éprouvait une satisfaction profonde à tout regarder autour de lui, à se dire, avec une fierté naïve, qu'il était père, c'est-à-dire que sa propre personnalité lui semblait doublée. Autour de lui, tout semblait joyeux de sa joie. C'était un de ces soirs d'été où après la chaleur du jour, tout le monde sort prendre le frais dans ces quartiers populaires. Les bancs des boulevards étaient occupés par une double rangée de gens, ouvriers en veste, en bourgeron ou en manches de chemise, ouvrières en caraco blanc, qui humaient, sans presque parler, l'air de la nuit. Les cafés, les marchands de vins étincelaient avec leurs consommateurs assis devant des tables, en plein vent. Des groupes heureux marchaient lentement, sous les platanes, et sous leurs pieds on eut dit que le sable crissait joyeusement. Des curieux s'entassaient devant les loteries, où l'on gagnait des porcelaines de rebut, des vases à fleurs peintes à froid, décorées à l'or brillant. On regardait quelque escamoteur qui posait ses gobelets sur son tapis de toile rayée, à franges à demi déchirées. Des marchands de glaces et de guimauves criaient des sorbets à un sou. Un marchand de coco jetait parfois sa note grêle au milieu de ce concert. Une sorte de vapeur faite de poussière, et qui semblait l'haleine même de la terre, enveloppait ce gai tableau d'un beau soir. Il y avait partout des cris d'enfants, jaseurs comme des nids, des petits qui se roulaient, qui couraient, tombaient, se relevaient, riaient ; partout des cerceaux, des ballons. Et cette chanson des gamins se fondait, se perdait dans une sorte de rumeur vague produite par le roulement des fiacres qui passaient des deux côtés du boulevard..."

 

 


Jules CLARETIE : Le Train 17 (1878)

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Ecrivain et académicien Jules Claretie a habité le 10e